lundi 27 août 2012

Le Motel Robi

Une carte postale du Motel Robi de Shawinigan-Sud qui accueille, depuis plus de cinquante ans, les automobilistes de passage et les amoureux. Il est situé stratégiquement à l'entrée de Shawinigan-Sud, sur l'ancienne route qui relie Shawinigan et Trois-Rivières (route 157 autrefois 19).


La photographie de la carte date des années soixante. Remarquez l'affichage en anglais (Roby Motel, vacancy, office). Elle a été publiée par W. Schermer de Pierrefonds.

Motel est une fusion des mots anglais motorist et hotel. Le motel est un hôtel bon marché, conçu spécialement pour les automobilistes. Sa particularité est que l'on accède aux chambres par le stationnement.  Le concept a vu le jour en Californie dans les années 1920. Au Canada, les motels se sont multipliés à l'entrée des villes, avec l'expansion du réseau routier à deux voies. Le nombre d'établissements a atteint son maximum dans la décennie soixante qui fut l'âge d'or du motel. On en voit moins depuis la construction des nouvelles autoroutes en dehors des villes.

Des motels célèbres : le Lorraine de Memphis où Martin Luther King a été assassiné (1968) et le Motel Bates où se situe la scène de la douche dans le film Psycho d'Alfred Hitchcock (1960).

Le Robi est très typé. Il a la forme d'un U évasé et un seul étage. L'entrée du stationnement est en plein centre de l'édifice. D'autres motels ont la forme d'un I ou d'un L et certains peuvent compter deux et même trois étages. L'avantage de la forme en U est la discrétion : on ne voit pas les autos des clients de la route.

Il est écrit au verso de la carte : Shawinigan-Sud, P.Q. Sur la route no 19. Quinze unités modernes, tapis mur à mur, bain et douche, T.V. et radio, air climatisé. Prix raisonnable. Salle à manger. Ouvert à l'année.  Art Robitaille, Prop.

La dernière fois que j'ai pris cette route, c'était ouvert. 

Note 1 : On trouve dans les journaux anglophones de la région quelques articles qui mentionnent la participation d'un nommé Art Robitaille de Shawinigan à des tournois régionaux de curling et de golf. Ces articles datent des années 1950 et 1960. J'imagine que le nom Robi représente les deux premières syllabes de son patronyme.

Note 2 : Sur Google Maps, on peut lire le slogan suivant :  "le meilleure motel au monde entier. tres propre et tres belle accueilleé".

dimanche 26 août 2012

Le prix du pain

Au début de l'histoire de la Nouvelle-France, le pain était un produit de luxe. L'agriculture était encore embryonnaire et le blé devait être importé de France. L'anguille, et non pas le pain, était la base de l'alimentation dans la Vallée du Saint-Laurent. 


Selon le Journal des Jésuites, en 1645, le prix du pain à Québec était de 15 sols, tandis que celui du bois était de 10 sols la corde. Le pain se vendait donc 1,5 fois le prix du bois de corde.

Aujourd'hui, à Québec, le prix du pain (tranché) est de 3,50 dollars canadiens, tandis que celui du bois (de chauffage) est d'environ 90 dollars la corde. Le pain se vend donc maintenant  0,04 fois le prix du bois de corde.

vendredi 24 août 2012

Femmes de maison dépareillées

Albert Tessier, Femmes de maisons dépareillées, Les beaux albums Tavi, Montréal, Éditions Fides, 1942, 48 pages.

Voici le premier des six albums Tavi qui ont été publiés par l'abbé Albert Tessier de 1942 à 1946. J'ai déjà présenté sur ce blog les albums numéro 2 (Notre Mère la Terre) et numéro 3 (La Patrie, c'est ça !).

Les beaux albums Tavi ont été conçus comme des outils de propagande auprès des jeunes pour leur transmettre les "bonnes valeurs", c'est-à-dire celles qui étaient véhiculées par le clergé de l'époque. Celui-ci, le numéro 1, s'adressait spécifiquement aux jeunes filles.

L'abbé Tessier a été le responsable provincial des écoles ménagères pendant plusieurs années. Sa vision du rôle de la femme est influencée par cette expérience. D'ailleurs, les sujets des chapitres de l'album (cuisine, artisanat familial, entretien ménager, apprentissage maternel, premiers soins) évoquent le contenu des cours qui étaient dispensés dans les écoles ménagères.

Pour mieux nous situer dans le temps, précisons que les jeunes filles à qui Tessier s'adressait sont devenues les mamans des baby-boomers.

L'expression Femmes de maisons dépareillées est un slogan qui revient souvent dans cette brochure. C'est selon Tessier l'idéal à atteindre pour les jeunes filles : Ce n'est pas l'homme ici qui est le plus fort. Ses muscles durs, tassés, trempés par les labeurs fortifiants, paraissent bien faibles en regard de l'énergie calme, souriante, discrète, de l'épouse effacée mais toute puissante !

L'abbé Tessier a aussi tourné un film qui portait le même titre en 1942.

Les titres des six albums Tavi :
  1. Femmes de maison dépareillées (1942)
  2. Notre Mère la Terre (1942)
  3. La Patrie, c'est ça ! (1942)
  4. C'est l'aviron qui nous mène (1945)
  5. Fleurs vivantes (1945)
  6. Pleine floraison (1946)

mercredi 22 août 2012

La Patrie c'est ça !

Albert Tessier, La Patrie, c'est ça, Les beaux albums Tavi, Montréal, Éditions Fides, 1942, 48 pages.

Voici le troisième des six albums Tavi qui ont été publiés par l'abbé Albert Tessier de 1942 à 1946. Ces publications étaient destinées à contrer chez les jeunes l'influence des mauvaises lectures. J'ai déjà présenté sur ce blog le deuxième album de cette série qui s'intitule Notre Mère la Terre.

La Patrie, c'est ça est la parfaite expression du vieux nationalisme rural canadien français, celui qui avait cours dans les milieux conservateurs avant la Révolution tranquille..

Le petit Claude, qui est en quatrième année, explique à sa jeune soeur Lily qui sont les personnages illustrés dans son livre d'histoire. Mais ses connaissances sont vite dépassées. C'est alors qu'intervient Tavi, pseudonyme d'Albert Tessier, qui leur fait découvrir l'histoire du Canada, qui est en fait celle du Canada français, la Patrie. Le Bon Dieu occupe une très grande place dans cette histoire. La Patrie c'est avant tout le Québec rural, mais Tessier explique aux enfants qu'il faut aussi aimer les villes enfumées où les gens vivent entassés près des usines qui font du bruit.

Selon Tessier, le plus beau cadeau à offrir à la Patrie, c'est un bébé plein de forces, qui a bonne envie de vivre. Les mamans qui continuent de multiplier la vie servent de la meilleure façon possible la Patrie du Bon Dieu et des ancêtres.

L'album est illustré de vingt photos prises par Albert Tessier. Il est aussi question des films qu'il a tournés en forêt et dans les réserves amérindiennes de la Haute-Mauricie. Tessier avait accès à ces territoires grâce à son ami Jean Crête, surnommé le roi de la Mauricie, dont il a écrit la biographie (voir Le roi de la Mauricie sur ce blog).

Voici la liste des six albums Tavi :
  1. Femmes de maison dépareillées (1942)
  2. Notre Mère la Terre (1942)
  3. La Patrie, c'est ça ! (1942)
  4. C'est l'aviron qui nous mène (1945)
  5. Fleurs vivantes (1945)
  6. Pleine floraison (1946)

lundi 20 août 2012

La mariée avait onze ans

Une grave pénurie de filles à marier sévissait en Nouvelle-France avant l'arrivée des filles du roi. Les hommes se pressaient de réserver les quelques filles disponibles avant que d'autres ne les prennent. Une stratégie pour devancer la concurrence était de s'engager auprès d'une jeune fille avant qu'elle soit pubère, quitte à attendre quelques années pour consommer le mariage.

Voici deux exemples de très jeunes filles qui ont été mariées à cette époque de pénurie : Marguerite Couillard et Marguerite Sédilot.

Marguerite Couillard

Marguerite Couillard est née le 10 août 1626 à Québec. Elle était donc âgée de onze ans et deux mois lors de son mariage avec Jean Nicolet, le 7 octobre 1637 à Québec. Nicolet avait près de quarante ans. Ils n'ont pas attendu bien longtemps pour consommer le mariage. Marguerite a eu son premier enfant vers décembre 1639, à l'âge de treize ans. L'acte de baptême de cet enfant prénommé Ignace est perdu, mais on sait qu'il était âgé d'un an à son décès en décembre 1640.

À ce rythme, une femme pouvait être grand-mère très jeune. Marguerite Couillard l'a été à l'âge de trente ans, le 10 mars 1657, quand sa fille aînée a accouché de son premier enfant. Cette fille, Marguerite Nicolet, s'est mariée le 9 juillet 1656, à l'âge de quatorze ans. Son mari, Charles LeGardeur de Repentigny, avait vingt-cinq ans.

Marguerite Sédilot

Marguerite Couillard n'est pas un cas unique. Marguerite Sédilot, née le 4 avril 1643 à Québec, s'est mariée à l'âge de onze ans et demie le 19 septembre 1654 à Trois-Rivières. Son mari, Jean Aubuchon, était âgé de 22 ans. Leur mariage a dû être réhabilité l'année suivante parce qu'il avait été déclaré nul par défaut d'âge requis. Marguerite Sédilot a eu son premier enfant le 7 août 1660, à l'âge de dix-sept ans.

Le marchand Jean Aubuchon a été retrouvé assassiné dans son lit le 3 décembre 1685 à Montréal. Il avait été égorgé. Marguerite a été soupçonnée dans cette affaire mais n'a pas été accusée.

Une autre stratégie

Une autre stratégie, pour ceux qui ne trouvaient pas de femme en Nouvelle-France, était de prendre une épouse amérindienne lors des voyages de traite dans les Pays-d'en-Haut. Avant son mariage avec Marguerite Couillard, Jean Nicolet avait déjà une « fille naturelle » prénommée Euphrosine d'une union avec une Nipissirienne rencontrée dans la région des Grands Lacs (voir Suis-je un Métis ? sur ce blog).

L'équilibre démographique s'est rétabli entre 1663 et 1673 avec l'arrivée en Nouvelle-France de près de 800 filles du roy.

mardi 14 août 2012

Des Joly et des Aubuchon

Un autre cas d'homonymie. Un piège à éviter pour ceux qui dressent leur arbre généalogique.

À la même époque, mais dans des lieux différents, deux Pierre Joly ont épousé des dames Aubuchon. On peut facilement les confondre et j'ai bien failli m'y faire prendre.

Pierre Joly dit Delbec, fils de Pierre et de Geneviève Térillon, épouse Marie-Mathurine Aubuchon, fille de Joseph et de Marie-Louise Dandonneau, le 23 février 1711 à Sorel.

Pierre Joly, veuf d'Anne Lecompte, épouse Marie-Anne Aubuchon, veuve de Jean-Baptiste Tessier, le 26 janvier 1718 à Neuville dans le comté de Portneuf. Ce deuxième Pierre Joly était le fils de Jean et de Marguerite Amiot. Marie-Anne Aubuchon était la fille de Joseph et d'Élisabeth Cusson.

Il n'y avait aucun lien de parenté entre les deux Pierre Joly, mais leurs épouses Aubuchon étaient cousines au second degré.

La famille Aubuchon est une des plus anciennes de la Mauricie. Des descendants américains lui ont consacré un site internet très élaboré : Aubuchon-online.

lundi 13 août 2012

Décès du voiturier Lampron

On trouve dans le journal Shawinigan Standard du mercredi 17 décembre 1947 une notice nécrologique sur le « voiturier » Victor Lampron. 

Cette notice nous apprend que Victor Lampron a été un des premiers résidents de la ville de Shawinigan où il se serait installé en 1900. Rappelons que le village de Shawinigan Falls a été officiellement fondé en 1901. Elle nous apprend aussi qu'il a été le premier fabricant de voitures (carriage-maker) de la ville. On disait alors « voiturier ». Il a ensuite opéré un atelier de mécanique automobile jusqu'à sa retraite en 1945.

Victor Lampron avait épousé, en premières noces, la fille de mon arrière-grand-père Félix Martineau-Saintonge qui était forgeron et voiturier à Saint-Étienne-des-Grès. Mon arrière-grand-père avait l'habitude de prendre des apprentis. Il est donc possible que Victor Lampron, natif de Saint-Boniface de Shawinigan, ait été un apprenti du voiturier Saintonge, ce qui lui aurait permis d'apprendre son métier et aussi de rencontrer sa première femme.Ce n'est qu'une hypothèse.

Victor Lampron et Albina Saintonge mariés en 1904

Victor Lampron, fils d'Olivier et de Marie Caron, est né le 16 avril 1882 dans le rang Quatre de Saint-Boniface. Il a épousé Albina Saintonge, fille de Félix et de Georgiane Paquet-Lavallée, le 30 mai 1904 à Saint-Étienne-des-Grès.Si on en croit l'article du Shawinigan Standard, il se serait donc établi à Shawinigan dès l'âge de 18 ans, 4 ans avant son mariage.

Voici le texte intégral de la notice nécrologique du Shawinigan Standard.

VICTOR LAMPRON AGE 65, PASSES

One of the oldest citizens of Shawinigan Falls, Victor Lampron, who arrives here in 1900, died last Wenesday afternoon at the age of 65. He was the oldest resident of the Ward No.1.

He was the first carriage-maker in Shawinigan Falls and later operated an automobile, paint and fender repair shop. He went into retirement in 1945.

Mr Lampron was married twice; to Dame Alvina St-Onge and Delina Allard, who survives him. He is also survived by three sons, Maurice, Georges and Charles-Edouard, a daughter, Miss Léo Gélinas, a brother, Georges of St.Boniface, his sister-in-law, Mrs Georges Lampron, and several grandchildren, nephews and nieces.

The funeral service wich was largely attended took place on Saturday morning at the St. Bernard parish church, with interment in the local Cemetery

Sincere sympathy to the bereaved.

L'article provient de Google News.

Ma retraite

Je suis maintenant retraité. J'espère en profiter pour écrire plus souvent sur ce blog que j'ai un peu négligé depuis le début de l'été.

Ça fait maintenant plus de 276 messages depuis L'enfant est partie publié le 24 mai 2008. J'avais voulu spécialiser ce blog en généalogie, mais je dois reconnaître qu'il est toujours aussi hétéroclite qu'à ses débuts : histoire, culture traditionnelle, généalogie, économie, écologie, littérature, etc. Le principal sujet qui s'est imposé au fil du temps est celui de la petite histoire de la Mauricie, ma région natale.

J'espère aussi profiter de cette nouvelle liberté pour reprendre certains messages anciens publiés un peu trop rapidement et qui mériteraient d'être étoffés.