mardi 28 juin 2011

Le petit cathéchisme

Le catéchisme des provinces ecclésiastiques de Québec, Montréal et Ottawa, Approuvé le 20 avril 1888, par les Archevêques et Évêques de ces provinces et publié par leurs ordres, Édition officielle conforme aux récentes modifications du droit canonique, Québec, 1944, 115 pages.

Enfant, j'ai détesté le petit catéchisme. Je n'ai jamais accepté d'apprendre par coeur des questions et réponses qui défiaient toute logique. C'était ma matière faible au primaire.

La question la plus traumatisante : Dieu connait-il tout ? Oui, Dieu connait tout : nos actions, nos paroles et même nos pensées les plus secrètes. J'ai aussi retrouvé dans cette édition la question préférée des petits garçons : qu'est-ce que la communion des seins, ou étaient-ce plutôt des saints ?

L'enseignement du catéchisme a été abandonné en 1964, remplacé par la catéchèse ou pastorale scolaire (voir La catéchèse aujourd'hui). C'était l'année charnière de la grande réforme de l'éducation, avec le dépôt du Rapport Parent et la création du ministère de l'Éducation du Québec. L'abandon du catéchisme faisait alors partie des mesures de laïcisation de l'enseignement. À la même époque, l'Église catholique a subi de profondes transformations dans le cadre du Concile Vatican 2 (1962-1965).

On m'a fait remarquer que le catéchisme illustré plus haut n'est pas celui qui était enseigné dans les écoles (voir le commentaire plus bas). En effet, il contient des questions sur la doctrine sociale de l'Église qui ne s'adressaient pas aux enfant du primaire. En voici deux :
  • L'Église condamne-t-elle le libéralisme économique ? L'Église condamne le libéralisme économique parce qu'il n'accepte que le principe de l'offre et de la demande en vue du plus grand profit possible, au mépris des besoins des hommes.
  • L'Église condamne-t-elle le socialisme ? L'Église condamne le socialisme, si on entend par ce terme le transfert à l'État de toute initiative économique, au mépris de la liberté des personnes.
Jean-Louis Lessard m'a transmis quelques scans du véritable petit catéchisme qui était enseigné dans nos écoles primaires.








lundi 27 juin 2011

En attendant Bébé en 1901

Dr J. Donnadieu, Pour Lire en Attendant Bébé, édition canadienne, La Cie de Publications de l'Éclaireur, Beauceville, 1910, 168 pages.

Le docteur Donnadieu a publié dans ce volume les textes de quatorze causeries qu'il a prononcées vers 1901 pour instruire les futures mamans des soins à donner à leur enfant. Son livre a d'abord été publié à Paris en 1905. L'édition canadienne de 1910 comprend une préface et une annexe du docteur Aurelle Nadeau.

La plupart des conseils que Donnadieu donnait à ses patientes sont encore valables de nos jours. C'est plutôt le style qui a vieilli. Comme les curés, les médecins de l'époque aimaient bien culpabiliser les gens, allant même jusqu'à les effrayer pour se faire obéir. Ainsi, Donnadieu disait aux mères qui ne voulaient pas allaiter :
« Vous serez, Madame, la première punie, et cela dans votre santé. Supprimer brusquement la lactation après la maternité, c'est arrêter la nature dans un de ses développements les plus beaux et les plus réguliers. Que de femmes, après une ou deux grossesses non suivies d'allaitement, demeurent à jamais flétries, maladives, cassées pour ainsi dire. Au contraire, combien ne voyons nous pas de jeunes mères chétives se transformer et devenir de splendides et robustes créatures à la suite des prétendues fatigues de la lactation qu'on redoutait pour elles !»
Il mettait en garde contre l'introduction prématurée du lait de vache qui pouvait alors causer une maladie grave, l'entérite du nourrisson. C'était avant que la pasteurisation du lait ne devienne obligatoire. Voir aussi sur ce blog Un dépotoir à nourrissons.

mercredi 15 juin 2011

Suis-je un Métis ?

Contrairement à une croyance répandue, il y a eu relativement peu de métissage avec des Amérindiens dans la population d'origine française en Nouvelle-France. La raison est bien simple : dans la plupart des cas, les Métis issus de l'union d'un coureur des bois avec une Amérindienne sont demeurés là où ils sont nés, dans la tribu de leur mère. Le métissage s'est donc manifesté beaucoup plus chez les Amérindiens que chez les Blancs.

Le plus ancien cas connu de métissage dans la population d'origine française de la Nouvelle-France est celui d'Euphrosine Nicolet née en 1628 de l'union de l'explorateur et interprète Jean Nicolet avec une "Sauvagesse nipissirienne". Nicolet aurait ramené sa fille avec lui à Québec vers 1633, probablement à la suite du décès de sa mère.

Nicolet déguisé en Chinois impressionne les Amérindiens

J'ai été content de découvrir que Jean Nicolet, un explorateur qui a parcouru la moitié du continent, était un de mes ancêtres, moi qui suis plutôt sédentaire. J'ai aussi été heureux d'apprendre que la mère inconnue d'Euphrosine Nicolet occupe une place au sommet de mon arbre généalogique, ce qui après douze générations me donne très exactement  (1/4096) de sang nipissirien.

Suis-je un Métis ? Devrais-je revendiquer le statut d'Autochtone et les privilèges fiscaux qui s'y rattachent ? Des droits exclusifs de chasse et de pêche ?

La descendance d'Euphrosine Nicolet

La fille métisse de Jean Nicolet s'est mariée deux fois :
    • Elle a épousé le domestique Jean Leblanc le 21 novembre 1643 à Québec. Elle était âgée de 15 ans, tandis que Leblanc en avait le double  Il est à noter que le nom de la mère amérindienne d'Euphrosine a été omis dans l'acte de mariage, de même que dans le contrat passé chez le notaire Tronquet le 18 octobre 1643. Ils ont eu cinq enfants dont un seul a survécu, une fille prénommée Madeleine née en 1652. Jean Leblanc a été tué par des Iroquois en 1662.
      • Euphrosine a ensuite épousé le matelot Élie Dussault dit Lafleur, d'origine calviniste, le 22 février 1663 à Québec.  Ils ont eu quatre fils : Louis, Pierre, Jean-François et Charles.
      Elle a donc eu en tout cinq enfants vivants avec ses deux maris, soit une fille Madeleine Leblanc et les quatre frères Dussault. On trouve en Mauricie des descendants de cette Métisse par sa fille Madeleine qui a épousé Jean Pichet vers 1666. En ce qui me concerne, le début de cette lignée se présente comme suit :
      1. Jean Nicolet et une Nipissirienne inconnue.
      2. Euphrosine Nicolet et Jean Leblanc, mariés le 16 novembre 1643 à Québec.
      3. Madeleine Leblanc et Jean Pichet, vers 1666 sur l'Île d'Orléans.
      4. Louis Pichet et Marie-Anne Côté, le 10 novembre 1710 à Saint-Pierre sur l'Ile d'Orléans.
      5. Jean Pichet et Madeleine Paillé, le 27 juillet 1740 à Louiseville, Maskinongé.
      6. Madeleine Pichet et Simon Martineau-Saintonge, le 27 août 1764 à Louiseville, Maskinongé.
      Voir aussi sur ce blog  Sur la piste des Métis

      mardi 14 juin 2011

      Le battement d'ailes d'un papillon

      Does the Flap of a Butterfly's Wings in Brazil Set off a Tornado in Texas?  Est-ce que le battement d'ailes d'un papillon au Brésil déclenche une tornade au Texas ? (Edward Lorenz, 1972).

      Une anecdote qui est tirée de la biographie de Joseph-Adolphe Chapleau. Je la raconte de mémoire. Un jour, la seigneuresse de Masson, devenue veuve, a offert au curé de payer les études des deux enfants les plus talentueux de la paroisse. Le curé lui a présenté ses deux meilleurs élèves : Louis Riel, qui deviendra plus tard le chef de la Rébellion des Métis de l'Ouest du Canada, et Adolphe Chapleau, futur premier ministre conservateur du Bas-Canada.

      Monument de Riel au Manitoba
      Les deux hommes étaient brillants mais ils n'ont pas fait l'unanimité. À la fin de sa vie, Louis Riel souffrait de troubles mentaux, il se prenait pour un messie, tandis que Chapleau s'est attiré la colère du clergé et des milieux nationalistes parce qu'il a refusé d'intercéder auprès du gouvernement fédéral pour sauver Riel de la pendaison. La politique les aura donc réunis d'une certaine façon.
       
      Louis Riel n'a pas encore été officiellement réhabilité même s'il est généralement considéré comme le Père fondateur du Manitoba. Il a d'ailleurs sa statue devant le parlement de cette province.

      Sans le battement d'ailes de la seigneuresse de Masson, l'histoire aurait été différente : Riel serait probablement devenu cultivateur et Chapleau aurait exercé le métier de maçon comme son père.

      La morale : on n'investit jamais trop en éducation, même si cela peut causer une rébellion de temps en temps.


      mardi 7 juin 2011

      Mon merle a fait son nid

      Un Merle d'Amérique (Turdus migratorius) a fait son nid à l'abri des intempéries sur une corde de bois près de mon chalet. Ce merle a été surnommé rouge-gorge par les premiers colons à cause de sa ressemblance avec un oiseau de même couleur, mais plus petit, qui vit en Europe.

      Le 21 mai 2011 : Quatre oeufs turquoise. La mère se déplace dans les arbres autour mais garde quand même un oeil sur le nid.


      Le 28 mai 2011 : Les oeufs viennent d'éclore. Les petits presque nus avec quelques touffes de duvet se blottissent dans le fond du nid pour se réchauffer. La femelle se fait plus présente.


      Le 5 juin 2011 : Les petits ont beaucoup grossi grâce à un régime alimentaire constitué principalement de lombrics bien gras. Ils sortent maintenant la tête du nid pour être nourris. Il y en a au moins 3 et peut-être même 4, ce qui est excellent puisque que le taux moyen de survie des oisillons de merles est de l'ordre de 25 %. La femelle se fait plus menaçante quand on approche du nid (tchip tchip tchip).


      Le 12 juin 2011 : Le nid est maintenant vide. Les oisillons se sont envolés 15 jours seulement après l'éclosion. Doit-on s'attendre à une deuxième ponte dans le même nid ?


      Les photos sont d'Adrienne.

      mercredi 1 juin 2011

      La famille de Majorique

      Une photographie ancienne que j'aime beaucoup. Elle a été prise chez un photographe en 1909. Quelqu'un a écrit les noms des personnes dans un espace prévu à cet effet au bas de la photo. Elle montre Majorique Lavergne, fils de Louis Lavergne et de Marie Blais, de même que son épouse Albertine Deschesnes et leurs premiers enfants : Jeannette, Philippe, Laurette et Yvonne. La légende manuscrite nous apprend que les deux plus jeunes, Laurette et Yvonne sont devenues des religieuses de la Providence, une congrégation qui administrait l'hôpital Saint-Joseph de Trois-Rivières. Elle nous apprend aussi que Jeannette, debout à la gauche de son père, a épousé un dénommé Vivier, qui s'appelait en fait Hervé-Damase Viviers.


      La composition est excellente et on distingue bien les "habits du dimanche", notamment les bottes de cuir à boutons, qui étaient en vogue à l'époque. Le garçon Philippe, assis sur une boîte, porte des jambières et des culottes courtes. Le papa a des mains d'ouvrier et un petit air hispanique à la Antonio Banderas. La mère, bien en chair, a l'air un peu fatigué. On ne souriait pas sur les photos en 1909.

      Je ne sais pas grand chose sur eux, sinon qu'ils sont originaires de Sainte-Flore, se sont mariés le 29 janvier 1900 et ont déménagé au Cap-de-la Madeleine vers 1912. Ils ont eu en tout 12 enfants dont certains sont morts en bas âge.

      Le garçon Philippe, qui était peut-être handicapé, est décédé à l'âge de 23 ans, le 23 décembre 1925. Par ailleurs, le troisième enfant du couple, Germaine qui est née en 1904, n'apparaît pas sur la photo. Cette dernière est décédée à l'âge de 14 ans le 26 juin 1919.