jeudi 19 mai 2011

La France éternelle


Une carte postale de propagande de la France de Vichy, sous l'occupation allemande. Elle montre le maréchal Philippe Pétain (1856-1951), alors chef auto-proclamé de l'État français, ainsi que son slogan : Suivez-moi, gardez votre confiance en la France éternelle. Cette phrase est extraite d'un message diffusé le 30 octobre 1940, dans lequel le vieux maréchal annonçait une politique de collaboration avec l'Allemagne nazie qui visait à assurer la survie de la France en tant que pays (la France éternelle). Pétain était convaincu du caractère définitif de la victoire allemande, mais l'Histoire lui a donné tort.

Voir aussi sur ce blog : Duplessis admirait-il Hitler ?

lundi 16 mai 2011

Les Quarante heures

Dans Le Constitutionnel du 30 octobre 1874, un article sur une tradition religieuse ancienne que je ne connaissais pas :

« Les exercices des quarante heures ont eu lieu cette semaine dans la paroisse de St-Barnabé. Chaque jour, presque tous les fidèles de la paroisse se rendaient à l’église pour y assister; on y remarquait la présence d’une foule considérable d’étrangers venus des paroisses environnantes. Les exercices ont été prêchés par le révérend père Barron de la congrégation de Oblats de Montréal. » 

Les Quarante heures étaient un exercice de prière au Saint-Sacrement au cours duquel les fidèles se relayaient, jour et nuit, pour assurer une adoration perpétuelle de quarante heures. Afin de motiver les fidèles, l'Église accordait une indulgence plénière pour une période d'adoration du Saint-Sacrement de trente minutes au moins. Les Quarante heures se tenaient successivement dans les différentes paroisses d'un diocèse pour constituer une chaîne d'adoration ininterrompue ou presque. Les fidèles pouvaient donc accumuler les indulgences en visitant les paroisses voisines. C'est ce qui explique ce passage de l'article du Constitutionnel : « on y remarquait la présence d’une foule considérable d’étrangers venus des paroisses environnantes ».

Cette dévotion viendrait de la Renaissance italienne (quinzième siècle). Selon l'Atlas historique des pratiques religieuses, elle s'est répandue dans les paroisses du Québec vers 1840. Les curés  profitaient de la grande popularité des Quarante heures auprès des fidèles pour organiser des sessions massives de confession.

Dans la paroisse Saint-Bernard de Shawinigan, en octobre 1951, les Quarante heures commençaient le dimanche de la fête du Christ-Roi, par une heure d'adoration le soir à 7 heures et se poursuivaient jusqu'à la messe de 8 heures le mardi matin. L'adoration nocturne était réservée aux hommes et aux jeunes gens. (cf Les Chutes de Shawinigan,  24 octobre 1951).

L'article du Constitutionnel cité plus haut est tiré des Bases de données en histoire de la Mauricie.


Voir aussi sur ce blog De l'importance d'un jubilé et Indulgences et porte d'église.

dimanche 8 mai 2011

Le jeu

Hector de Saint-Denys Garneau, Regards et jeux dans l'espace. Montréal, Fides, 1972, p 33-34.

Le jeu selon Saint-Denys Garneau, un poème sur l'univers de l'enfant : «Ne me dérangez pas je suis profondément occupé» ... Pour l'enfant qui joue : «C'est facile d'avoir un grand arbre et de mettre au-dessous une montagne pour qu'il soit en haut».

Sur le boulevard Saint-Maurice, 1957

Le jeu

Ne me dérangez pas je suis profondément occupé
Un enfant est en train de bâtir un village
C'est une ville, un comté
Et qui sait
           Tantôt l'univers.
Il joue
Ces cubes de bois sont des maisons qu'il déplace
           et des châteaux
Cette planche fait signe d'un toit qui penche
           ça n'est pas mal à voir
Ce n'est pas peu de savoir où va tourner la route
           de cartes
Ce pourrait changer complètement
           le cours de la rivière
À cause du pont qui fait un si beau mirage
           dans l'eau du tapis
C'est facile d'avoir un grand arbre
Et de mettre au-dessous une montagne pour
           qu'il soit en haut.
Joie de jouer! paradis des libertés!
Et surtout n'allez pas mettre un pied
           dans la chambre
On ne sait jamais ce qui peut être dans ce coin
Et si vous n'allez pas écraser la plus chère
           des fleurs invisibles
Voilà ma boîte à jouets
Pleine de mots pour faire de merveilleux
enlacements
Les allier séparer marier
Déroulements tantôt de danse
Et tout à l'heure le clair éclat du rire
Qu'on croyait perdu
Une tendre chiquenaude
Et l'étoile
Qui se balançait sans prendre garde
Au bout d'un fil trop ténu de lumière
Tombe dans l'eau et fait des ronds.
De l'amour de la tendresse qui donc oserait en douter
Mais pas deux sous de respect pour l'ordre établi
Et la politesse et cette chère discipline
Une légèreté et des manières à scandaliser les
grandes personnes
Il vous arrange les mots comme si c'étaient de
           simples chansons
Et dans ses yeux on peut lire son espiègle plaisir
À voir que sous les mots il déplace toutes choses
Et qu'il en agit avec les montagnes
Comme s'il les possédait en propre.
Il met la chambre à l'envers et vraiment l'on
           ne s'y reconnaît plus
Comme si c'était un plaisir de berner les gens.
Et pourtant dans son oeil gauche quand le droit rit
Une gravité de l'autre monde s'attache à la feuille
           d'un arbre
Comme si cela pouvait avoir une grande importance
Avait autant de poids dans sa balance
Que la guerre d'éthiopie
Dans celle de l'Angleterre.

Voir aussi sur ce blog Cage d'oiseau.

jeudi 5 mai 2011

Saint-Étienne chasse les sauterelles

La huitième plaie d'Égypte selon l'Exode
La paroisse de Saint-Étienne-des-Grès a souvent été frappée par des invasions de sauterelles qui détruisaient les récoltes. Ces invasions, plus fréquentes qu'ailleurs, étaient peut-être dues à la nature des sols qui sont généralement sablonneux à cet endroit. Pour les familles de cultivateurs, l'arrivée de ces nuées d'insectes signifiait une année de misère.

Voici deux entrefilets, parus à la fin du dix-neuvième siècle, qui traitent de ce fléau et de la solution qui a été trouvée pour l'enrayer :  « On nous écrit de St-Étienne, comté de St-Maurice, que les sauterelles ont fait des ravages considérables. Cependant, à la suite de prières publiques, on s’aperçoit qu’elles disparaissent rapidement. »  (Le Constitutionnel, 26 juillet 1869). « On nous apprend de Shawenegan et de St-Étienne que les sauterelles font des ravages dans ces paroisses. Les cultivateurs font des prières pour les chasser. »  (Le Journal des Trois-Rivières 16 août 1888).  

L'abbé Irénée Trudel, curé de 1912 à 1927, a organisé une fête le jour de la Saint-Étienne pour protéger la paroisse contre les invasions de sauterelles. En 1920, le 26 décembre est devenu un "jour férié". Les habitants du lieu devaient obligatoirement assister à la messe ce jour-là et on organisait des réjouissances populaires. (voir le site de la municipalité)

Un orthoptère de la famille des Tettigoniidae
Par moquerie, les habitants des villages voisins ont affublé ceux de Saint-Étienne du surnom de sauterelles. Aujourd'hui, ce surnom est devenu un objet de fierté. On trouve à Saint-Étienne-des-Grès un Centre de la petite enfance La Petite Sauterelle, des guides Les Sauterelles, une troupe de théatre Les Sauterelles et même un Festival des Sauterelles !

Descendant d'une famille de Saint-Étienne-des-Grès, j'ai aussi un peu de sang de sauterelle dans les veines.

Voir aussi sur ce blog : En attendant le train.

mardi 3 mai 2011

Que des conservateurs

À l'élection provinciale du premier mai 1878 dans Maskinongé, les trois candidats en lice étaient des conservateurs. Aucun candidat du Parti Libéral ne s'était présenté. Édouard Caron l'avait  emporté sur les deux autres conservateurs Alfred Baron-Lafrenière et Moïse Houde. Le parti était alors dirigé par l'avocat Joseph-Adolphe Chapleau, grand orateur et ami du curé Labelle.

Joseph-Adolphe Chapleau (1840-1898)

C'était la deuxième élection consécutive où le Parti Conservateur du Québec (PCQ), l'ancêtre de l'Union Nationale, n'avait pas d'adversaire libéral dans Maskinongé. Trois ans plus tôt, le 5 juillet 1875, Moïse Houde l'avait emporté sur un autre conservateur, Alexis Lesieur-Desaulniers.

Les résultats des élections générales provinciales depuis la Confédération sont disponibles sur le site QuébecPolitique.com

Voir aussi Une poursuite futile ? sur ce blog.

dimanche 1 mai 2011

Une poursuite futile ?

Un article paru dans Le Journal des Trois-Rivières du 20 septembre 1883 :

" Monsieur Fred Houde, député du comté de Maskinongé à la Chambre des communes, vient d’avoir gain de cause dans la poursuite que lui avait intentée Monsieur E. Ringuet, de cette ville, lequel accusait Monsieur Houde d’avoir offert mille piastres à Monsieur Isaïe Marchand de Maskinongé, lors des élections locales de 1881, pour induire ce dernier à retirer sa candidature. La cause a été plaidée devant Son Honneur le juge Bourgeois, qui a débouté l’action en condamnant le demandeur à payer tous les frais. Monsieur Nérée L. Duplessis était l’avocat de Monsieur Houde, et Messieurs Turcotte et Paquin étaient les avocats de Monsieur Ringuet. "
Voici quelques renseignements sur les personnages qui ont été impliqués dans ce procès :

Frédéric Houde (1847-1884)

Frédéric Houde (1847-1884) est né à Louiseville dans le comté de Maskinongé. Il a été journaliste et propriétaire de journaux au Québec et en Nouvelle-Angleterre. Fervent catholique et ultramontain, il a été élu député nationaliste-conservateur dans la circonscription fédérale de Maskinongé en 1878 et en 1882. L'étiquette nationaliste-conservateur a été utilisée entre 1878 et 1911 par certains députés conservateurs québécois qui voulaient se distancier de l'impérialisme britannique prôné par ce parti. Frédéric Houde est aussi l'auteur d'un roman : "Le Manoir Mystérieux ou Les Victimes de l'ambition" qui met en scène l'intendant Hocquart. Il est mort de la tuberculose à l'âge de 37 ans (voir le Dictionnaire biographique du Canada).

Nérée L-Duplessis (1855-1926)

Nérée LeNoblet Duplessis (1855-1926) est né à Yamachiche dans le comté de Saint-Maurice. Il était le père du premier ministre Maurice Duplessis. Avocat puis juge, il a été député conservateur de Saint-Maurice à l'Assemblée nationale de 1886 à 1900 et maire de Trois-Rivières en 1904-1905.

Isaïe Marchand (1826-1903) a été maire de Maskinongé. Il s'est présenté comme candidat indépendant à l'élection provinciale du 2 décembre 1881 et avait alors recueilli 28 % du vote, loin derrière le député conservateur Édouard Caron qui en était à son deuxième mandat (voir ici). Marchand a été le leader du schisme de Maskinongé en 1892 (voir Le schisme de Maskinongé sur ce blog).

Jean-Baptiste Bourgeois (1835-1902) né à Saint-Dominique en Montérégie, a été juge du district de Trois-Rivières de 1880 à 1900. Il est décédé à Trois-Rivières en 1902.

J'ignore qui était le nommé E. Ringuet qui a intenté la poursuite, probablement un adversaire politique de Frédéric Houde.

L'article du Journal des Trois-Rivières est tiré de "Bases de données en histoire de la Mauricie".