vendredi 31 décembre 2010

Le réveillon du jour de l'an (chanson)

On m'avait invité à aller réveillonner
Pour fêter l'arrivée de la nouvelle année
Moé qui est toujours gai, je n'ai pas refusé
Et à mon arrivée, j'ai entendu chanter

Ah que c'est bon bon de prendre un verre de bière
Avec la cuisinière dans un petit coin noir
Pis si c'est bon bon, faites-le en riant
Y a pas de mal là-dedans dans le temps du jour de l'an
Ah que c'est bon bon de prendre un verre de bière
Avec la cuisinière dans un petit coin noir
Pis si c'est bon bon, faites-le en riant
Y a pas de mal là-dedans dans le temps du jour de l'an

Minuit est arrivé, on souhaite une bonne année
La bière est de côté pis on prends du brandy
On a trop mélangé, je me suis enivré
Et toute la sainte journée je donnais à murmurer

Ah que c'est bon bon de prendre un verre de bière
Avec la cuisinière dans un petit coin noir
Pis si c'est bon bon, faites-le en riant
Y a pas de mal là-dedans dans le temps du jour de l'an
Ah que c'est bon bon de prendre un verre de bière
Avec la cuisinière dans un petit coin noir
Pis si c'est bon bon, faites-le en riant
Y a pas de mal là-dedans dans le temps du jour de l'an

Une chanson traditionnelle du jour de l'an qui a été interprétée par La bottine souriante sous le titre La cuisinière

jeudi 30 décembre 2010

Heureuse année

Au début du siècle dernier, on échangeait des cartes postales pour les souhaits du nouvel an. Celle-ci a été postée à Ottawa le 30 décembre 1905 et a été reçue à Québec le premier janvier 1906. L'année étant inscrite dessus, elle ne pouvait servir qu'une seule journée.

mardi 21 décembre 2010

La grosse boîte rouge de bonbons Viau


Viau Limitée vendait des "bonbons surfins" dans de grosses boîtes rondes en fer-blanc de couleur rouge vif, ornées d'une fleur-de-lys dorée. Elles contenaient  environ 20 livres de bonbons durs multicolores qui étaient consommés dans le temps des Fêtes. Comme le couvercle fermait bien, les boîtes vides pouvaient être utilisées pour conserver des aliments. Ma mère y mettait les beignes de Noël au froid dans la "dépense".


Je crois que ces boîtes datent des années 1940-1950. Sur le site Héritage Montréal, on aperçoit des contenants de format semblable sur une photo en noir et blanc qui a été prise en 1935. L'entreprise fondée en 1867 a adopté le nom de Viau Limitée en 1936.

 Ajout du 25 décembre 2010 : La boîte date des années 1940. Elle était vendue aux commerces qui revendaient ensuite les bonbons au poids. Une boîte identique à celle qui est illustrée provenait du magasin général de Félix St-Onge à Saint-Étienne-des-Grès.

Voir aussi sur ce blog : Les bonbons mélangés.

lundi 20 décembre 2010

Le portage en sleigh

Dans le secteur de la forêt en Mauricie, le mot portage a pris plusieurs significations différentes, bien que connexes. J'en ai rencontré cinq :
  1. Le sens premier de portage désignait le transport à dos d'homme d'une embarcation pour franchir un obstacle à la navigation comme la chute de Shawinigan ou le rapide des Hêtres.
  2. Au milieu du 19ième siècle, des canotiers "portageaient" des marchandises qu'ils allaient livrer dans les chantiers du Haut-Saint-Maurice. On les appelait les "portageux".
  3. Portage désignait aussi le sentier que les canotiers empruntaient pour franchir l'obstacle.
  4. Par analogie, on utilisait le même terme pour  le chemin suivi par le castor pour transporter les matériaux vers sa hutte.
  5. On disait aussi portage pour le transport en hiver de marchandises vers les chantiers, en empruntant les rivières et les lacs gelés, avec des traîneaux à chevaux nommés sleighs.

Vers 1902, Georges Lampron de Saint-Boniface, fils d'Olivier et de Marie Caron, a fait du portage en sleigh dans les chantiers forestiers des frères Burrill. Il n'était pas le seul, plusieurs fermiers de Saint-Boniface approvisionnaient les chantiers en "portageant", notamment du foin et de l'avoine pour les chevaux. Le portage représentait pour eux un revenu d'appoint en hiver : "c'était pour se sortir du trou comme de raison" disait Béatrice, la fille de Georges.

Charles et Vivian Burrill exploitaient un gros moulin à scie à vapeur dans le troisième rang de Saint-Boniface, près de la paroisse de Sainte-Flore. Un hameau, qu'on appelait Burrill's Siding, s'était formé autour du moulin. La production de bois-d'oeuvre pouvait être expédiée à faible coût grâce au train qui passait à proximité.
 
(L'illustration est une peinture de Cornelius David Krieghoff.)

dimanche 19 décembre 2010

Beignes canadiens de Monsieur 50


Pour le temps des Fêtes, voici la recette de beignes canadiens de Monsieur 50. Cette recette n'est pas faisable. La pâte est beaucoup trop molle. Il faut ajouter 1 tasse et demi de farine et 1 cuiller à thé et demi de poudre à pâte. Il faut aussi réfrigérer la pâte avant de la rouler. Si vous n'avez pas de lait sûr, vous pouvez le remplacer par de la crème sure à 5 % dans laquelle on ajoute la cuiller à thé de bicarbonate de soude. La recette modifiée est délicieuse.

On trouve sur le même scan les recettes du pouding au pain, du pouding au chômeur, des grosses crêpes, du gâteau de blé d'inde et de la mousse au sirop d'érable.

vendredi 17 décembre 2010

Des avantages et un inconvénient du train

En 1879, l'achèvement de la construction du Chemin de fer du Nord entre Montréal  et Québec a facilité de façon considérable les déplacements entre les municipalités de la Mauricie situées le long de cette ligne. Des activités comme le tourisme, les pèlerinages et même les assemblées politiques ont alors connu un essor remarquable. À l'époque, il y avait souvent des fanfares à bord  pour distraire les passagers et peut-être aussi pour couvrir le bruit du train. On imagine le vacarme !

Voici quelques extraits d'articles de la presse régionale qui nous parlent avec enthousiasme de ces nouveaux développements. Certains déplorent cependant que l'arrivée du chemin de fer favorise l'exode des familles aux États-Unis.

Le tourisme 

« On nous dit que la baie de la Maskinongé va devenir une des places favorites pour le pique-nique des Trois-Rivières, grâce à la beauté de la plage et à l’abondance de la pêche et la facilité qu’il y a pour aller et revenir en chemin de fer. »  Courrier de Maskinongé (1 août 1878): 2, col. 4.

« Dimanche prochain, le 7 septembre, nous aurons de visite de Québécois : comme nos lecteurs ont pu le voir, sans doute, par les journaux de Québec. Une excursion, par le chemin de fer du Nord, partira de la gare du Palais à midi précis dimanche, arrivant ici vers 3:30 heures probablement. Les excursionnistes repartiront vers 7 heures du soir. Un magnifique corps de musique les accompagnera. »  La Concorde (5 septembre 1879): 3, col. 1.

Les pèlerinages

« Un grand pèlerinage à Ste-Anne de Yamachiche vient d’être organisé par les conférences St-Vincent-de-Paul de cette ville. Il aura lieu vendredi prochain. Les catholiques de cette ville profiteront, nous n’en doutons pas, de cette occasion, pour aller déposer leurs hommages aux pieds de la grande sainte dans le sanctuaire vénéré d’Yamachiche. Le voyage aura lieu par le chemin de fer du Nord; des arrangements ont été pris pour offrir aux pèlerins tout le confort et la facilité possible; les prix seront très réduits. Départ de la gare des Trois-Rivières à 5 1/2 heures du matin; retour à 10 heures a.m. et 7 heures du soir. »  Le Journal des Trois-Rivières (29 juillet 1878): 2, col. 4.

Les assemblées politiques

« Dimanche prochain, il y aura une grande démonstration politique à Yamachiche à laquelle les honorables Messieurs Joly, Marchand, Turcotte et Messieurs Charles Langelier, J. N. Bureau, C. R. et plusieurs autres orateurs distingués adresseront la parole. À cet effet, et pour donner à nos amis l’avantage de prendre part à cette grande démonstration, un train spécial du chemin de fer du Nord laissera la gare des Trois-Rivières à l’heure précise, dimanche, pour se rendre à Yamachiche, où doit avoir lieu la démonstration, et de là à Rivière-du-Loup, afin de donner l’avantage aux amis de la cause libérale, en cette paroisse, de se joindre à nous. Le train arrêtera aussi, en allant et revenant, à la Pointe-du-Lac. Un magnifique corps de musique fera partie de l’excursion. Le prix du passage, aller et retour, sera réduit à 25 centins, afin de permettre à chacun de prendre part à cette grande manifestation libérale. »  La Concorde (3 octobre 1879): 2, col. 1.

L'émigration aux États-Unis

« Nous regrettons de constater qu’à chaque convoi de chemin de fer du Nord Q.M.O. et O., quatre à cinq familles prennent passage pour les Etats-Unis. »  Courrier de Maskinongé (15 avril 1880): 2, col. 2. 

« On nous informe que les agents pour la vente des billets pour les différentes compagnies de chemin de fer font de véritables ravages dans notre district. Il y a de ces agents dans presque toutes les paroisses et la plupart, pour grossir leur commission, encourage les cultivateurs à émigrer aux Etats-Unis. Nous attirons l’attention du gouvernement sur ce regrettable état de choses. »  La Concorde (25 août 1880): 3, col. 1.


Ces extraits sont tirés des Bases de données en histoire de la Mauricie.

Voir aussi sur ce blog :  En attendant le train, La Bonne Sainte-Anne et 400 victimes sur un vapeur.


jeudi 16 décembre 2010

Georges Smiley l'anti-héros

«Mr George Smiley n'était pas naturellement équipé pour courir sous la pluie, et surtout pas en pleine nuit... Petit, bedonnant et à tout le mieux entre deux âges, il était en apparence un de ces humbles de Londres à qui le royaume des cieux n'appartient pas. Il avait les jambes courtes, la démarche rien moins qu'agile, il portait des vêtements coûteux, mal coupés et extrêmement mouillés. Son manteau, qui vous sentait un peu le veuf, était de ce tissu noir et mou qui semble conçu pour retenir l'humidité. C'étaient ou bien les manches qui étaient trop longues ou bien ses bras qui étaient trop courts, car comme Roach, quand il portait son imperméable, les parements lui dissimulaient presque les doigts. Pour des raisons de vanité il ne portait pas de chapeau, persuadé à juste titre que les chapeaux lui donnaient l'air ridicule. « On dirait une bonnette sur un oeuf », avait remarqué sa belle épouse peu avant la dernière fois où elle l'avait quitté, et cette cinglante formule, comme c'était souvent le cas, lui était restée dans l'esprit

(John Le Carré, La taupe, traduit de l'anglais par Jean Rosenthal)

mercredi 15 décembre 2010

L'orignal à Laflamme


Monsieur Laflamme de Shawinigan avait réussi à apprivoiser un jeune orignal (élan d'Amérique) qui acceptait de se laisser conduire par son maître. On l'aperçoit sur la photo en train de brouter un bouquet de fleurs sur le bureau du maire Roy vers 1949 (Source : Fabien Larochelle, Shawinigan depuis 75 ans,1975).

mardi 14 décembre 2010

La diète des bûcherons

Dans Anciens chantiers du Saint-Maurice, Pierre Dupin décrit l'alimentation des bûcherons qui travaillaient dans les chantiers de la Mauricie en hiver vers 1875. Son texte a d'abord été publié dans le journal Le Bien public de Trois-Rivières en 1935.

Au déjeuner, les hommes mangeaient des beans (fèves au lard) que le "cook" avait fait cuire dans les cendres pendant la nuit. "Nourriture complète puisqu'elle renferme le féculent et la graisse."

"Pendant que les hommes déjeunent, le cuisinier, aidé de son marmiton, prépare les sacs de ceux qui, travaillant trop loin pour revenir dîner au "campe", devront collationner dans le bois. Pas de délicatesses ni de friandises pour ce repas qui n'aura rien d'un pique-nique; deux ou trois chanteaux de pain, une brique de lard bouilli, le tout roulé dans un sac de toile, et le lunch est préparé." Ils enfouiront ce repas dans la neige pour éviter qu'il gèle et le mangeront froid à la pause du midi.

Ceux qui travaillent près du camp sont plus chanceux, ils ont droit à une soupe chaude. "Pour être pris au "campe" le dîner n'en sera  ni plus riche ni plus varié. Depuis le mois d'octobre jusqu'à la fin des chantiers, le menu, toujours le même, ne variera ni d'une fève ni d'un pois; du pain et des beans le matin, de la soupe aux pois, du pain et du lard le midi... Ajoutez à cela du thé à discrétion et fort à faire flotter un clou !"

"On se tromperait grandement si on imaginait le "cook" de chantier tout de blanc vêtu, coiffé de la toque, manipulant des casseroles d'aluminium et confectionnant des sauces savantes."  Pour le décrire, Pierre Dupin cite un extrait du Tableau de la mer de Jean Taché écrit en 1732 :

Un visage enfumé, que l'on appelle coq,
Qui quitte rarement sa cuillère et son croc;
Un malpropre, un vilain, qui sans cesse se gratte,
Dont les yeux larmoyants sont bordés d'écarlate;
Qu'on voit le plus souvent les bras nus charbonnés,
Le tabac à la bouche et la roupie au nez;
Un homme qu'on prendrait pour un diable à la mine !
Cet élégant mignon préside à la cuisine.

lundi 13 décembre 2010

Madame de la Meslée trafiquante d'eau-de-vie

La vente d'alcool aux  Amérindiens a été interdite en Nouvelle-France en 1657, à cause des désordres que la boisson provoquait chez eux.  Les missionnaires soutenaient cette interdiction, avec l'appui de l'évêque Monseigneur de Laval, alors que les marchands s'y opposaient. L'administration civile ne la faisait pas respecter. L'auteur de la Relation des Jésuites écrivait à ce sujet en 1663 : "Je ne veux pas décrire les malheurs que les désordres de la boisson ont causé à cette église naissante. Mon encre n'est pas assez noire pour les dépeindre de leurs couleurs; il faudrait du fiel de dragon pour coucher ici les amertumes que nous avons ressenties."

Peau de castor sur armature
Malgré l'interdiction, des commerçants échangeaient de l'eau-de-vie contre des fourrures aux Algonquins qui vivaient à proximité de Trois-Rivières. C'était plus facile que d'aller courir les bois dans les pays d'en-haut. De plus, certains Amérindiens qui s'étaient habitués à la consommation d'alcool refusaient d'autres marchandises en échange de leurs fourrures. L'habitude de la traite de l'eau-de-vie s'était ainsi installée dans les moeurs de la colonie trifluvienne et les coupables s'étonnaient qu'on leur en fasse le reproche.

Jeanne Évard (1618-1682), surnommée Madame de la Meslée, dirigeait un réseau de trafic d'eau-de-vie au village du Cap (devenu plus tard le Cap-de-la-Madeleine). Madame de la Meslée était l'épouse de Christophe Crevier dit la Meslée. Ils se sont mariés en 1633 dans la région de Rouen en France et sont arrivés en Nouvelle-France vers 1639.  Ils ont eu huit enfants dont une fille prénommée Jeanne  qui a épousé, en 1652, Pierre Boucher Sieur de Gros-Bois, capitaine de milice du bourg de Trois-Rivières. Boucher a été gouverneur des Trois-Rivières pendant la majeure partie de la période allant de 1654 à 1668. Il était propriétaire d'un fief au Cap-de-la-Madeleine où résidait la famille Crevier.

Christophe Crevier Sieur de la Meslée, qui était boulanger, est décédé en 1662 ou 1663.  Sa veuve Jeanne Évard a été incriminée en 1667 lors d'une enquête du Conseil souverain sur la traite d'eau-de-vie. Cette enquête avait été faite à la demande pressante des Jésuites qui avaient sédentarisé un groupe d'Algonquins au Cap-de-la-Madeleine pour les protéger des Iroquois et des trafiquants d'alcool. Mais aussitôt qu'ils s'éloignaient de la mission en hiver, les trafiquants les rejoignaient en traîneaux pour leur échanger de l'eau-de-vie contre des fourrures, de la viande d'orignal, des raquettes ou des mocassins qu'ils revendaient ensuite avec profit aux habitants de Trois-Rivières. Les Amérindiens pouvaient aussi se procurer de l'alcool dans les maisons des trafiquants au village du Cap et même le consommer sur place.

La plupart des témoignages qui ont été entendus lors de l'enquête de 1667 désignaient Jeanne Évard, sous les noms de Madame Crevier ou de Madame de la Meslée, comme la principale instigatrice de ce commerce avec ses fils Jean, Nicolas et Jean-Baptiste Crevier, ses gendres Nicolas Gastineau dit Duplessis et Michel Gamelain et ses domestiques Jean Hébert et Simone Dorian. En plus de faire son trafic illégal au Cap, elle organisait aussi des voyages de traite dans les pays d'en-haut.

L'histoire ne nous dit pas si elle poursuivait ainsi un commerce de son défunt mari ou bien si ce trafic résultait de sa propre initiative. Je penche pour la deuxième hypothèse étant donné qu'on ne mentionne nulle part que le mari ait été impliqué dans la traite des fourrures. Il est à noter que trois de leurs fils ont été tués par les Iroquois.

Voici quelques extraits des témoignages qui l'ont incriminée : Henry Derby étant à boire sa part d'un pot de vin au logis de Madame Crevier, il était venu deux Sauvagesses lesquelles avaient apporté trois cervelles pour lesquelles la Dame de la Meslée leur aurait donné une pinte de vin. --- Benjamin Anseau affirme que tout l'hiver il a vu plusieurs fois des Sauvages et Sauvagesses ivres dans le village du Cap ... (les Sauvages) par plusieurs fois lui ont dit en venir traiter en sa maison. --- Pierre Coustaut a souvent vu des Sauvages ivres  et presque toujours le bruit courait qu'ils s'étaient enivrés soit au logis de Madame de la Meslée, soit chez Madame Duplessis (sa fille). --- François Frigon a vu Madame Duplessis servir du vin ou de l'eau-de-vie à un Sauvage nommé Rakoué et à sa femme qu'elle avait enfermés dans un cabinet qui tient à sa maison.


Pierre Boucher (1622-1717)
Malgré ces témoignages, il n'y a pas eu d'accusations portées contre Jeanne Évard et son groupe, sans doute parce qu'elle était la belle-mère du gouverneur, mais aussi parce que le juge royal Michel Leneuf du Hérisson avait lui-même parmi ses proches des trafiquants notoires. Dégouté par le comportement de sa belle-famille, Pierre Boucher, un homme foncièrement honnête, a démissionné du poste de gouverneur quelques mois après l'enquête pour aller finir ses jours dans sa seigneurie de Boucherville près de Montréal. Il disait chercher « un lieu dans ce pays où les gens de bien puissent vivre en repos ».

Jeanne Évard n'était pas la seule "dame" de la société trifluvienne a être impliquée dans le trafic de l'eau-de-vie. Une autre enquête avait eu lieu deux ans plus tôt, soit en 1665, qui avait incriminé Marguerite Le Gardeur, une dame de la noblesse, épouse de l'ancien gouverneur de Trois-Rivières Jacques Leneuf de la Potherie et belle-soeur du juge royal Michel Leneuf du Hérisson. Aucune accusation n'avait été portée contre elle non plus. On l'avait même dispensée de témoigner à l'enquête. Quand le mauvais exemple vient de haut ...

Dans ce contexte, il était pratiquement impossible de faire respecter l'interdiction. En 1668, le Conseil souverain permet à nouveau la traite de l'eau-de-vie pour favoriser le commerce des fourrures. Il interdit toutefois aux Amérindiens de s'enivrer! 

Sources :
- Douville, Raymond; Visages du vieux Trois-Rivières, tome 1, Les Éditions La Liberté, pages 9-31.
- Saintonge, Jacques; Christophe Crevier dit Lameslée, dans Nos Ancêtres, vol 7, Sainte-Anne-de-Beaupré, 1986.
- Trudel, Marcel; La seigneurie de la Compagnie des Indes Occidentales 1663-1674.
Voir aussi l'article sur Pierre Boucher dans le Dictionnaire biographique du Canada.


dimanche 12 décembre 2010

Mes meilleurs disques de Noël

Marie-Michel Desrosiers chante les classiques de Noël avec l'Orchestre Symphonique Tchèque dirigé par Jacques Lacombe, réalisé par André Gagnon, Audiogram ADCD10100, 1996.  La belle voix de Marie-Michelle Desrosiers, autrefois chanteuse du groupe Beau Dommage, convient parfaitement au répertoire de Noël. Onze classiques plus une berceuse allemande intitulée Wiengenlied. À ne pas confondre avec un autre disque de Noël de Marie-Michelle Desrosiers enregistré avec le Choeur de l'Armée rouge qui est moins réussi. Je crois que le travail d'André Gagnon à la réalisation y est pour beaucoup dans la beauté de cet album de Noël.

Sarah McLachlan Wintersong, produit et réalisé par Pierre Marchand, Tyde Music 0 6700 30621 2 1, 2006. Happy Christmas (War is over) de John Lennon, River  de Joni Mitchell, What Child is this?  (une variation de Greensleeves), Song for a Winter Night de Gordon Lighfoot et plusieurs airs traditionnels qu'elle a arrangés à la façon McLachlan avec le vibrato dans sa voix qui donne à l'enregistrement une couleur folk celtique. Elle a déjà vendu plus d'un million d'exemplaires de cet album. Pierre Marchand, de Montréal, a produit tous les albums de Sarah McLachlan depuis 1991.


Rossmarin Oyez! La Nouvelle, réalisation de Claude Gagnon, et Rossmarin, ATMA ATM 2 9718.  Un disque moins connu que les précédents. Deux  membres de l'ensemble Anonymus, Guy Ross (luth et chant) et Alfred Marin (viole de gambe et chant), interprètent des chansons profanes et des cantiques religieux de la Renaissance française (seizième et dix-septième siècles), dont Noël Nouvelet. La plupart des pièces sont anonymes. Pour ajouter un peu de variété dans le  répertoire des Fêtes : Je me suis levé par un matinet, Une vierge pucelle, Promptement levez-vous mon voisin,  Le triste état de cette pauvre étable, etc.

André Gagnon, Noël avec l'Orchestre Philarmonique de Prague dirigé par Mario Klemens, arrangements et orchestration d'André Gagnon, Les disques Star STR-CD-8038. Disque platine enregistré à Prague en 1992. Félix du meilleur album instrumental en 1993. Un de ses meilleurs disques. André Gagnon interprète au piano des classiques et quelques airs moins connus : Bel astre, La ronde des bergers, La Vierge à la crèche. Arrangements originaux. Une musique douce au tempo lent qui crée une ambiance nostalgique.

Nat King Cole, The chrismas song, Capitol Records 09463-31227-2-7. La magnifique voix et le piano de Nat King Cole (1919-1965). La plupart des enregistrements de cet album datent des années 1960. Son titre original était The Magic of Christmas. La chanson Christmas song de Mel Tormé (chestnuts roasting on an open fire) est présentée en trois versions : celle de 1961, un duo virtuel avec sa fille Nathalie Cole enregistré en 1998, de même qu'une version plus ancienne du Nat King Cole Trio en 1946.
Thomas Hampson, International Christmas Carols avec The Saint Paul Chamber Orchestra dirigé par Hugh Wolff, Teldec 9031-73135-2. La voix de baryton de Thomas Hampson convient particulièrement aux interprétations de chants traditionnels allemands qui constituent près de la moitié des pièces de ce disque. Il nous rappelle que le Noël profane était au départ une tradition germanique. Aussi quelques cantiques religieux en latin et des pièces du répertoire américain. Malheureusement, le Minuit Chrétiens ! , un cantique du répertoire français, est chanté en anglais : O Holy Night !

Barbara Hendricks, chante Noël avec le Choeur de chambre Eric Ericson, un choeur d'enfants et l'Orchestre de chambre de Stckolm, EMI Classics 7243 5 55387 2 7. La soprano d'origine américaine, qui vit en Suisse, a enregistré en 1995 ce disque de Noêl international et polyglotte. Trentre-trois pièces interprétées en français (6), en allemand, en espagnol, en anglais, en italien, en flamand, en tchèque et en danois, notamment. Seize de ces chants sont fusionnés dans quatre "International Medleys". À signaler : le gospel Sweet Little Jesus Boy a capella. Des airs très connus, mais aussi d'autres que j'ai entendus pour la première fois sur ce disque. Barbara Hendricks chante très bien en français en roulant joliment ses "r". Belle interprétation (bilingue) du Minuit Chrétiens ! accompagnée à l'orgue. La présence des choeurs ajoute beaucoup à l'ensemble.



Mise à jour le 16 décembre 2014.

mercredi 8 décembre 2010

Tempérance et réveil religieux

Jean-Patrice Arès a publié en 1990 une thèse intitulée : "Les campagnes de tempérance de Charles Chiniquy : un des principaux moteurs du réveil religieux montréalais en 1840". On peut la trouver sur le web à cette adresse. Je ne vais pas résumer sa thèse, qui est très intéressante à lire, mais simplement faire quelques commentaires sur le mouvement de tempérance et sur l'abbé Charles Chiniquy.

Le mouvement de tempérance catholique au Québec a débuté en 1840, suivant celui des Églises protestantes du Bas-Canada qui s'est amorcé douze ans plus tôt. Selon Arès, les protestants ont orienté leur réforme "vers un discours moraliste visant l'efficacité dans le travail et la prospérité économique, les Sociétés catholiques se distingueront par un propos spécifiquement religieux, dirigé vers le renouveau national." On reconnaît bien les deux solitudes : l'économie d'un côté et la question nationale de l'autre.

Arès mentionne qu'avant ce mouvement, pendant les années 1820 et 1830, on assistait à un certain détachement dans le Bas-Canada pour les valeurs religieuses. La pratique religieuse était à son plus bas et le recrutement du clergé était difficile.

Le mouvement  de tempérance a donc permis au clergé catholique non seulement de lutter contre l'alcoolisme mais aussi d'étendre son emprise sur la société canadienne française. Rappelons que ce mouvement au Québec commence juste après l'échec de la révolte des Patriotes, échec qui avait discrédité les leaders laïcs. Le clergé a donc pu occuper l'espace laissé libre en faisant la promotion d'une idéologie de survivance nationale et religieuse.

Par ailleurs, le texte d'Arès présente une image plutôt positive de l'abbé Chiniquy (1809-1899) qui a été le principal apôtre du mouvement de tempérance au Québec avant d'être excommunié par l'Église catholique pour désobéissance, entre autres motifs. Chiniquy était un prédicateur de très grand talent mais les auteurs francophones sont généralement plutôt critiques à son égard à cause de sa personnalité et de son comportement. On sait que les autorités religieuses l'ont muté à plusieurs reprises d'une paroisse à l'autre pour couvrir des agressions sexuelles et ne l'ont finalement dénoncé qu'après son excommunication dans le but de le discéditer. Voir à ce sujet L'alcool à Yamachiche en 1851 sur ce blog.

lundi 6 décembre 2010

Un Canadien errant

Antoine Gérin-Lajoie
Antoine Gérin-Lajoie (1824-1882), avocat, poète et romancier, est né à Yamachiche, fils d'Antoine et de Marie-Amable Gélinas. Il avait dix-huit ans quand il a écrit les paroles d'Un Canadien errant sur l'air d'une vieille chanson folklorique intitulée J'ai fait une maîtresse. Il était alors étudiant en rhétorique et pensionnaire au Séminaire de Nicolet. Selon la légende, il aurait écrit ces paroles après avoir vu passer sur le Saint-Laurent un bateau qui amenait les Patriotes en exil. En réalité, il répondait  simplement à la demande d'un autre étudiant.

Il  était le frère aîné d'Elzéar Gérin (1843-1886) qui a écrit "Le St-Maurice : notes de voyage" ( voir Aux Grandes-Piles en voiture sur ce blog). Il était aussi l'arrière-grand-père de Paul Gérin-Lajoie, (1920- ) ministre de l'Éducation dans le cabinet de Jean Lesage et un des principaux artisans de la Révolution tranquille. Il y aurait beaucoup à dire sur Antoine Gérin-Lajoie et sur sa famille. J'y reviendrai dans une autre article. Voici les paroles de sa chanson Un Canadien errant :


Un Canadien errant,
Banni des ses foyers,
Parcourait en pleurant
Des pays etrangers.
Parcourait en pleurant
Des pays etrangers.

Un jour, triste et pensif,
Assis au bord des flots,
Au courant fugitif
Il adressa ces mots:
Au courant fugitif
Il adressa ces mots:

"Si tu vois mon pays,
Mon pays malheureux,
Va dire a mes amis
Que je me souviens d'eux.
Va, dis à mes amis
Que je me souviens d'eux.

O jours si pleins d'appas,
Vous êtes disparus...
Et ma patrie, helas!
Je ne la verrai plus!
Et ma patrie, helas!
Je ne la verrai plus!"

Ajout du 2 février 2011 : Leonard Cohen l'a interprétée avec des arrangements mexicains! Voici cette version pour le moins bizarre (ici) et une interprétation plus classique par Nana Mouskouri (ici).

samedi 4 décembre 2010

Jeunes filles au coton

L'usine de la Shawinigan Cotton Co, une filature de coton devenue plus tard la Wabasso, a été construite en 1910 sur la rue de la Station juste en face de la vieille gare du Canadien Pacifique (voir La vieille gare du CP sur ce blog).  Des exemptions de taxe foncière avaient été accordées à l'entreprise pour la construction de cette usine que les habitants de Shawinigan  appelaient "le coton".

Notez l'évolution : les mêmes industries qui avaient attiré les Canadiens français en Nouvelle-Angleterre cinquante ans  plus tôt venaient maintenant s'installer de ce côté-ci de la frontière pour profiter des salaires moins élevés. C'était le début de la mondialisation, en quelque sorte. Plus tard, dans les années 1960-1970, on qualifiera ces industries de "secteurs mous" de l'économie québécoise alors que la production se déplaçait en Asie.

La Shawinigan Cotton Co employait une main-d'oeuvre féminine qui provenait des paroisses environnantes, ce qui soulevait des considérations d'ordre moral : comment surveiller ces jeunes filles de la campagne qui se retrouvaient seules en ville ? Dans Shawinigan depuis 75 ans, Fabien Larochelle nous raconte l'inquiétude du clergé et la solution qui a été trouvée pour encadrer les jeunes filles employées au coton :

"L'abbé F. Boulay, curé de Saint-Pierre, voulait assurer une protection aux jeunes filles sans surveillance et toujours trop éloignées de leurs familles qui étaient venues à Shawinigan pour s'y trouver un emploi, plus particulièrement à la filature de la Compagnie de coton. Un foyer de protection pour la jeune fille était la formule toute désignée pour réaliser ses objectifs. Il acheta l'ancienne résidence de M. Beaudry Leman située sur la rue Hemlock, en face du presbytère, et il demanda à la Communauté des Soeurs Dominicaines de venir prendre la direction de la jeune institution. Avec l'autorisation de l'évêque de Trois-Rivières, Mgr Cloutier, quatre religieuses arrivaient à Shawinigan le 21 septembre 1912.
Les débuts s'avérèrent difficiles et la maison fut bien souvent dans un état voisin de la misère. La résidence n'était pas confortable et, en hiver, on y gelait comme dans une glacière. Il en résulta que les jeunes filles, l'une après l'autre, délaissèrent le "Foyer" pour se loger plus confortablement ailleurs."
L'établissement de la rue Hemlock a ensuite été transformé en "jardin de l'enfance", une école primaire  pour garçons. Raymond Lavergne, un cousin de ma mère, y a été pensionnaire de 1945 à 1949.  Bien que la maison soit devenue une école, on continuait à l'appeler le Foyer comme à l'époque où elle recevait des jeunes filles.  Madeleine Robitaille (1928-1950), fille de Roméo et de Blanche Lavergne, a été à l'emploi des Domincaines au Foyer vers la fin des années quarante.

La carte postale représentant la Shawinigan Cotton Co a été postée en 1911, un an après sa construction. On aperçoit la rue Hemlock où se situait le "foyer de protection" sur la colline Saint-Pierre à l'arrière de l'usine.

Voir aussi sur ce blog : Où est l'église ?

(mise à jour le 15 août 2011)

vendredi 3 décembre 2010

Honoré Beaugrand libre-penseur

Honoré Beaugrand (1848-1906) était un personnage hors-norme. Grand voyageur, il a été soldat dans les troupes de l'empereur Maximilien au Mexique, fondateur de journaux aux États-Unis et au Canada dont La Patrie, maire de Montréal, récipiendaire de la Légion d'honneur, conteur et romancier. C'était un franc-maçon, anti-clérical et républicain, un libre-penseur à une époque où le discours patriotique et religieux dominait complètement la société canadienne française. Il a même poussé l'audace jusqu'à épouser une Américaine de confession méthodiste.

On peut le découvrir sur les sites suivants :

- Sur Patrimoine, Histoire et multimédia, Vicky Lapointe présente un article intitulé Honoré Beaugrand, maître de la chasse-galerie .
- Sur Laurentiana, Jean-Louis Lessard analyse son roman Jeanne la fileuse.
- Son conte le plus connu La Chasse-Galerie est sur sur Feeclochette.
- Le Dictionnaire biographique du Canada lui a consacré un article.

jeudi 2 décembre 2010

Une carte postale chauvine

Les cartes postales illustrées produites par la société française Bergeret, et distribuées au Canada par le photographe Pinsonneault de Trois-Rivières, comportaient souvent des textes écrits en rouge qui nous  révèlent la mentalité de l'époque. Ces textes offraient parfois des leçons de vie (voir Commandements de la jeune épousée sur ce blog). Mais il y avait aussi des messages d'un genre différent qui affirmaient la supériorité des Français sur les autres peuples européens, sur les Allemands et les Anglais en particulier.  Ces messages souvent un peu bêtes flattaient l'orgueil de l'acheteur de la carte. Les gens aiment bien se sentir supérieurs.



La carte ci-dessus, qui a été postée en 1905, appartient à cette catégorie. Elle nous apprend que les Français écoutent la musique alors que les Allemands l'entendent (seulement) et que les Anglais y assistent. On est plus indulgent envers les Italiens qui vivent la musique. Est-ce à dire que Bach, Beethoven, Mozart et tous les autres grands compositeurs et interprètes allemands n'écoutaient pas la musique ?


mercredi 1 décembre 2010

En attendant le train

En 1879, la construction du chemin de fer Quebec, Montreal, Ottawa & Occidental (acquis plus tard par le Canadien Pacifique) avait donné à Trois-Rivières un accès rapide à la capitale et à la métropole sur la rive Nord du Saint-Laurent. On commença,  la même année, la construction d'un nouveau tronçon pour relier Trois-Rivières aux Grandes-Piles, le pied de la navigation sur le Haut-Saint-Maurice.

Le Chemin de fer des Piles devait longer la rivière pour contourner les trois chutes qui faisaient obstacle à la navigation à La Gabelle, à Shawinigan et à Grand-Mère. Deux tracés étaient alors possibles en partant de Trois-Rivières : soit sur la rive Nord du Saint-Maurice  par les paroisses de Saint-Maurice, de Saint-Narcisse et le Lac-à-la Tortue, soit sur la rive Sud par les paroisses de Saint-Étienne-des-Grès, de Saint-Boniface et de Sainte-Flore. L'enjeu était majeur pour les villages situés des deux côtés de la rivière.

À Saint-Étienne-des-Grès, comme ailleurs sur la rive Sud du Sain-Maurice, la déception avait été grande  quand le tracé de la rive Nord avait été retenu.  Mais dix ans plus tard, une nouvelle occasion s'est présentée avec le projet de prolongement du Chemin de fer des Basses Laurentides (acquis plus tard par le Canadien National) des Piles jusqu'à Trois-Rivières sur la rive Sud de la rivière. Pour ne pas "manquer le train" une fois de plus, les habitants de Saint-Étienne-des-Grès ont pris l'initiative d'accorder gratuitement un droit de passage sur leurs propriétés. Ces droits ont été consignés par le notaire Uldéric Brunelle. En voici une exemple :

Le 11 avril 1890, le forgeron Félix St-Onge, mon arrière-grand-père, cédait à la Corporation de la paroisse de St-Étienne-des-Grès un droit de passage sur sa propriété (lot 196 du cadastre). Ce droit de passage, d'une lisière de 75 pieds de largeur,  devait servir uniquement "pour le chemin de fer des Basses-Laurentides, partant de la cité des Trois-Rivières et traversant les paroisses de St-Étienne, St-Boniface et Ste-Flore". Le greffe du notaire Brunelle contient une série d'actes de même nature signés par les habitants de la paroisse.

Le préambule de ce contrat montre bien l'intérêt que portaient les citoyens au projet de chemin de fer : "considérant les bénéfices considérables que retireraient les paroissiens et habitants de St-Étienne-des-Grès par suite de la construction d'un chemin de fer qui passerait sur le territoire de la dite paroisse, et voulant les favoriser et fournir à la Corporation de la dite paroisse les moyens d'obtenir et assurer la construction d'un chemin de fer ... "

Le prolongement souhaité du Chemin de fer des Basses Laurentides ne s'est pas réalisé. Il a fallu attendre en 1906, avec la construction du Chemin de fer de la Vallée du St-Maurice (acquis plus tard par le Canadien Pacifique), entre Shawinigan et Trois-Rivières, pour que le train arrive enfin à Saint-Étienne-des-Grès. La nouvelle voie traversait le Saint-Maurice par un pont construit sur le rocher des Grès.  J'ai lu sur le site internet de la municipalité qu'un centre de ski avec remonte-pente avait alors été aménagé aux Grès pour attirer les skieurs de Trois-Rivières qui arrivaient par le train.

Le transport des passagers sur cette ligne a été abandonné au printemps de 1960, faute de clientèle. L'autobus était alors plus rapide que le train.

Voir sur ce blog La vieille gare du CP

Sources :
- Greffe du notaire Uldéric Brunelle.
- Larochelle, Fabien. Shawinigan depuis 75 ans. Shawinigan, 1975, p 467-478.
- Verrette, René. Entre le rêve et la réalité : l'implantation du réseau ferroviaire mauricien. Cap-aux-Diamants, no 54, 1998, p 18-23.