vendredi 29 octobre 2010

La perdrix au chou

Je n'ai pas l'intention de faire un blog de cuisine mais un étudiant en Gestion et pratiques socioculturelles de la gastronomie de l'UQUAM m'a demandé la recette de "Perdrix au chou" que l'on trouve dans Les recettes de Monsieur 50, un petit livre de cuisine traditionnelle qui est devenu presque introuvable. Je ne suis pas sûr que ce soit de la gastronomie, mais bon. On trouve sur le même scan "La tourtière" et "Le sang de mouton à la sauce blanche". Bon appétit !

Le cousin Gratien déclamait

Le dramaturge Gratien Gélinas (1909-1999) était apparenté aux Lampron de Saint-Boniface-de-Shawinigan par sa grand-mère paternelle Dina Lampron qui était la fille d'Olivier et d'Anasthasie Gélinas (voir L'arrivée d'Olivier Lampron à Saint-Boniface).

Dina Lampron a épousé Joseph "Jos" Gélinas le 21 avril 1879 à Saint-Boniface. Ils sont allés vivre dans la paroisse voisine de Sainte-Flore dans le secteur de Glenada (aujourd'hui Shawinigan-Nord). Jos Gélinas et sa femme aimaient recevoir la parenté dans le temps des Fêtes. Ils organisaient des veillées dans la tradition au cours desquelles chacun faisait son numéro. Béatrice Lampron (1904-1985) racontait que son  jeune cousin Gratien déclamait (du théâtre ?) comme d'autres jouaient d'un instrument ou interprétaient une chanson à répondre. C'était l'Ovide Plouffe du roman de Roger Lemelin.

mercredi 27 octobre 2010

Des courses folles dans nos rues !

 Un article paru le 14 mai 1914 dans le journal Le Bien Public sous le titre "Chose intolérable" :
« Il n’y a qu’aux Trois-Rivières où la vitesse des automobiles soit de 20 à 25 milles à l’heure dans nos principales rues. Vraiment l’on dirait que ceux qui sont chargés de faire observer nos règlements ne s’en occupent pas. Attendons qu’il se soit produit de graves accidents pour mettre un frein à ces courses folles dans nos rues. »

Tiré de : Bases de données en histoire régionale de la Mauricie du Centre interuniversitaire d'études québécoises.

mardi 26 octobre 2010

L'auberge Grand-Mère a été démolie

 L'Auberge Grand-Mère a été démolie pour faire place à des condos avec vue sur la rivière Sain-Maurice. Je reproduis un article qui est paru aujourd'hui sur le site de Canoe.ca sous le titre "L'auberge Grand-Mère tombe sous le pic des démolisseurs:
 
"Une pelle mécanique a entrepris, lundi, la démolition du dernier bâtiment qui avait été conservé après l’incendie de 2004 pour lequel son ancien propriétaire, Yvon Duhaime, avait été accusé puis acquitté.

Ce bâtiment, le plus vieux de l’ancienne ville de Grand-Mère, avait été cité monument historique en 2008 par le conseil municipal de Shawinigan, qui espérait qu’il soit restauré par les acheteurs. Mais, les travaux entrepris par Habitations Fortex s’avérèrent trop coûteux et furent abandonnés.

Laissé à l’abandon pendant deux ans, l’hôtel centenaire s’est dégradé au point de devenir une honte aux yeux du nouveau maire Michel Angers. Au début de l’été, le conseil municipal a donc entrepris les démarches pour retirer la citation historique, laissant le feu vert au promoteur qui veut bâtir un immeuble à condominiums sur ce site convoité avec vue sur la rivière Saint-Maurice.

À la fin des années 90, l’Auberge Grand-Mère et Yvon Duhaime sont devenus célèbres d’un océan à l’autre. Le scandale du « Shawinigate » éclata lorsque les médias dévoilèrent que le premier ministre Jean Chrétien aurait fait pression auprès du président de la Banque de développement du Canada (BDC) pour qu’elle approuve une demande de prêt pour l’agrandissement de l’hôtel, situé dans son comté, Saint-Maurice"

Ajout du 7 novembre 2010 : L'Auberge Grand-Mère a été construite en 1898 par la compagnie Laurentide qui exploitait l'usine de pâte et papier située tout près. Elle contenait des meubles ayant appartenu à l'ancien propriétaire de l'île d'Anticosti, le chocolatier français Henri Menier. L'édifice et les meubles auraient dû être conservés par la ville de Shawinigan plutôt que d'être laissés au bon vouloir d'un promoteur privé.

lundi 25 octobre 2010

La disparition des surnoms


Pendant longtemps, il a été d'usage dans les registres paroissiaux d'inscrire non seulement le patronyme des individus mais aussi leur surnom ou "nom dit" le cas échéant. Ces surnoms pouvaient désigner le lieu d'origine de l'ancêtre (Saintonge), des lieux-dits (Descôteaux, Laglanderie), des métiers (Boulanger, Lapolice), des qualités  ou des traits physiques. Ils étaient particulièrement en vogue chez les soldats du régiment de Carignan-Salières qui se sont établis autour du lac Saint-Pierre. 

Cette façon de nommer les individus est disparue graduellement à compter de 1850. L'usage variait grandement d'une paroisse à l'autre mais la tendance, à la fin du 19e siècle, était de ne conserver que le plus utilisé du patronyme ou du surnom. C'est ainsi que les Martineau-Saintonge n'ont conservé que le surnom Saintonge ou St-Onge, tandis qu'au contraire les Lampron-Lacharité de la Mauricie n'ont conservé que leur patronyme Lampron. Je ne crois pas qu'il y ait eu une directive en ce sens, de la part de l'administration civile ou religieuse, sinon le changement serait survenu partout en même temps. C'était peut-être simplement le reflet d'une évolution dans la façon de s'identifier. La coutume des surnoms se serait perdue.

Voici une liste des surnoms que j'ai relevés dans les registres des paroisses de la Mauricie. J'ai ajouté entre paranthèses la forme originale du nom dans les cas où il y a eu déformation :

Audet dit Lapointe, Aubry dit Francoeur, Ayotte(Hayot) dit Simon, Banhiac dit Lamontagne, Baron dit Lafrenière, Baron dit Lupien, Bériault dit Boisclair, Biguet dit Nobert, Bonhomme dit Beaupré, Bourbeau dit Brunelle, Chainé(Chesne) dit Lagrave, Charron dit Ducharme, Comeau dit Duplessis, Crevier dit Bellerive, Denevers dit Boisvert, Desrosiers dit  Dargis, Désy (Dizy) dit Montplaisir, Déziel(Delguel) dit Labrèche, Duteau dit Tourville, Duteau dit Vilandré, Gélinas dit Bellemare, Gélinas dit Labonne, Gélinas dit Lacourse, Gérin dit Lajoie, Grenier(Garnier) dit Labranche, Hangard dit Lapolice, Héroux dit Bourgainville, Hudon dit Beaulieu, Jobin dit Boisvert, Lafond dit Mongrain, Lampron(Laspron) dit Desfossés, Lampron(Laspron) dit Lacharité, Lefebvre dit Boulanger, Lefebvre dit Denoncourt, Lefebvre dit Descôteaux, Lefebvre dit Villemure, Lemai dit Poudrier, Lemaître dit Auger, Lemaître dit  Beaunoyer, Lemaître dit Bellenoix, Lemaître dit Duhaime, Lemaître dit Lottinville,  Lenoblet dit Duplessis, Lesieur dit Desaulniers, Lesieur dit Duchesne, Lesieur dit Lapierre, Lévesque dit Dusablon, Lévesque dit Rompré, Limousin dit Lajoie, Maheu dit Vincent, Martineau dit Saintonge, Miville dit Deschesnes, Morand dit Douville, Morand dit Grimard, Noël(Nuhalt) dit Thisdelle(Teasdale), Ouvrard dit Laperrière, Paquet(Pasquier) dit Lavallée, Perron dit Laforme, Pépin dit Lachance, Préville dit Cottenoire, Richer dit Laflèche, Rivard dit Bellefeuille, Rivard dit Dufresne, Rivard dit Giasson, Rivard dit Lacoursière, Rivard dit Laglanderie, Rivard dit Lanouette, Rivard dit Lavigne, Rivard dit Loranger, Roy dit Châtellereau, Sicard dit DeCarufel,  Tousignant dit Lapointe, Trottier dit Pombert, Vacher dit Lacerte, Vanasse dit Vertefuille.

La palme revient à la famille Rivard qui a utilisé au moins 8 surnoms. On rattache aussi à cette famille le surnom de Préville que je n'ai jamais vu dans les registres que j'ai consultés.

Quelques rares familles ont conservé l'usage d'un surnom. Ainsi, on trouve encore  de nos jours des Gérin-Lajoie et des Miville-Deschesnes.

 Mis à jour le 20 février 2012

samedi 23 octobre 2010

Usé par la vie

Aux funérailles de Jean-Baptiste Paquet dit Lavallée, le 24 octobre 1794 à Yamachiche, l'officiant a écrit dans le registre qu'il est mort à l'âge de 100 ans.  C'était un faux centenaire. Il avait en réalité seulement 83 ans mais ses quatre mariages l'avaient peut-être usé prématurément.

Il a eu 22 enfants de ses 4 épouses mais plusieurs sont morts en bas âge. Je ne sais pas combien d'entre eux ont atteint l'âge adulte, peut-être une douzaine. Voici ce que j'ai trouvé sur ses mariages et sur ses enfants : 
  • Anne Bilodeau mariée le 3 novembre 1731 à Saint-François, sur l'île d'Orléans. Enfants : Marie-Anne (1732) et Michel.
  • Geneviève Plante (1700-1742) mariée le 27 juillet 1734 à Saint-François. Enfants : Jean-Baptiste (1735), Joseph-Marie (1736-1757), Marie-Madeleine (1739-1739). Louis (1740-1741), François (1742-1742).
  • Marie-Louise Therrien (1721-1760) mariée le 7 août 1743 (contrat Fortier) à Saint-Jean sur l'île d'Orléans. Enfants : Charles (1744), François (1745-1812), Marie-Louise (1746), Marie-Geneviève (1747-1747), Jacques (1750), Catherine (1751), Marie-Angélique (1753), André (c1754), Louis (1754), Alexis (1756-1756), Joseph (1757), Marie-Louise (1759-1759).
  • Marie-Thècle Charland-Francoeur (1730-1799), mariée le 2 août 1760 (contrat Panet) à Saint-Jean. Enfants : Michel (1761-1809), Marie-Thècle, Pierre (1763), Marie-Charlotte  (1770) et son jumeau Étienne (1770-1824) tous nés sur l'île d'Orléans.
Jean-Baptiste Paquet dit Lavallée a quitté l'île d'Orléans pour aller s'établir à Yamachiche vers 1786 avec sa femme Marie-Thècle Charland et les enfants qu'ils ont eus ensemble. Il était alors âgé de 75 ans, ce qui était très vieux pour un tel déménagement. Il suivait peut-être son fils Michel qui s'est marié cette année-là à Louiseville avec Madeleine Lemaître dit Auger.

On trouve beaucoup d'informations généalogiques sur cette famille sur le site The Paquet dit Lavallée Web Site, une base de données mise à jour par Alfred W. LaVallee qui est, je crois, un américain.

Bizarre : Il y a des familles Lavalley en assez grand nombre aux États-Unis. La plupart sont d'origine canadienne française, il s'agit alors d'une anglicisation de Lavallée, mais d'autres sont d'origine française. Curieusement, la forme Lavalley existe de nos jours en France où l'on recense 529 personnes qui portent ce patronyme, surtout dans le département de la Manche (voir ici). Par contre, il semble que la forme Lavallée que l'on connait au Québec n'existe pas en France.

    jeudi 21 octobre 2010

    Où est l'église ?


    Une carte postale du photographe Pinsonneault de Trois-Rivières qui m'a longtemps intrigué.  Il est écrit au bas de l'image : "11 - Place de l'église catholique Shaweneganfalls". On voit bien le presbytère à gauche mais où est l'église ? 

    La réponse se trouve dans Shawinigan depuis 75 ans de Fabien Larochelle (page 281). Le mur  de pierres que l'on aperçoit à droite du presbytère était le soubassement de l'église Saint-Pierre dont la construction a été entreprise au printemps 1901 et interrompue à l'automne de la même année pour des raisons financières. Ce soubassement a été recouvert d'un toit et aménagé pour servir d'église paroissiale en attendant de pouvoir poursuivre les travaux.  Mais ce qui devait être une solution temporaire a perduré pendant près de 30 ans, soit jusqu'en 1929 alors que l'église actuelle a été complétée sur le soubassement qui lui servait d'assise.

    Il faut ajouter que depuis le début des travaux, en 1901, il y avait un désaccord entre le curé et les paroissiens au sujet de l'emplacement de l'église, ce qui pourrait expliquer le peu d'empressement de ces derniers à financer la poursuite des travaux. Larochelle écrivait à ce sujet en 1975 :  "Aujourd'hui encore on se demande pourquoi il fut finalement décidé de construire l'église au sommet de la colline où ne résidaient pourtant qu'un petit nombre de paroissiens.". Il ajoute au sujet de la reprise des travaux en 1927 : "Comme il fallait s'y attendre, les objections de 1901 revinrent à la surface pour le choix du site de la nouvelle église. Un groupe de paroissiens, sans doute fatigués de grimper la colline depuis trente ans, voulaient à tout prix que le nouveau temple soit érigé quelque part au pied de la colline."

    Mais le presbytère avait déjà été construit au sommet et il était hors de question que le curé descende la côte pour dire sa messe.

    mercredi 13 octobre 2010

    La campagne canadienne

    Dugré, Adélard; La Campagne canadienne : croquis et leçons; Imprimerie du Messager, Montréal, 1925, 251 pages.

    L'abbé Adélard Dugré, un père jésuite, a écrit ce roman pour contrer l'exode de ses compatriotes aux États-Unis et aussi pour démontrer que les mariages avec des étrangers conduisent à l'assimilation. Ces deux messages sont très présents tout au long du roman. Curieusement, ce réquisitoire anti-émigration a été publié à une époque oû l'exode des Canadiens-Français vers les États-Unis était pratiquement terminé depuis une dizaine d'années. Le clergé était parfois en retard sur les changements sociaux ...

    La Campagne canadienne a connu un certain succès en librairie. Le roman a été réédité deux fois en avril 1925 et en 1929. Outre sa valeur littéraire (voir l'article sur Laurentiana), son principal intérêt réside dans la description de la vie paysanne à la Pointe-du-Lac, près de Trois-Rivières, au tout début du vingtième siècle. Deux passages sont dignes de mention : le départ pour la grand'messe (p 74-78) et la veillée pour le retour du fils émigré (p 91-101) . Voici des extraits de la description du départ pour la grand'messe : 
     "Aussi n'avait-on pas de temps à perdre dès le matin. Pour aller à la grand'messe, les voitures partaient à neuf heures. Les dimanches ordinaires, c'était au moins huit, même dix et douze personnes qui y prenaient place et qui devaient se préparer à temps. Aujourd'hui il y en aurait bien quinze ou vingt.
    De bonne heure, Louise devait secouer son monde. Il faisait si bon flâner et rire le dimanche matin. Après une semaine de dur travail, c'était un jour de congé qui commençait, et l'on aime à savourer un congé à ses débuts. D'abord, on aurait bien aimé dormir un brin, se lever un peu plus tard. Au déjeuner, les jeunes gens en belle humeur badinaient démesurément. En faisant leur toilette, ils chantaient, plaisantaient, s'étiraient, et l'horloge ne les attendait pas.  Alors la voix de Louise, comme une cloche d'alarme, devait sans cesse activer les lambins qui s'attardaient partout, à la fenêtre en été, autour du poêle en hiver, les mains dans les poches ou les pouces dans les bretelles. On ne finissait pas de panser les chevaux, d'astiquer les voitures. Grand-père n'était pas encore rasé, un autre ne se chaussait pas, celui-ci ne trouvait pas sa cravate et celui-là ne trouvait rien. Louise, calme mais l'oeil vif, trouvait tout, était partout, répondait à tous. L'eau chaude et les rasoirs, le linge et les habits, les souliers vernis et les cols empesés, tout arrivait à point et l'on finissait par partir.
    Louise passait alors tout son monde en revue, inspectant les toilettes, s'assurant qu'on avait son chapelet, son mouchoir et son livre de prières; elle glissait aux jeunes une recommandation pieuse, un mot plus autoritaire aux grands garçons, mesurant ses conseils aux besoins de chacun...
    ... Ce que nous voyons ici, lui disait Léon, on le voit dans mille paroisses de la province de Québec. Ce sont deux millions de Canadiens français qui se dirigent en ce moment vers l'église. C'est la grande fête qui commence et qui revient tous les huit jours..."

    Adélard Dugré est né le 14 juin 1881 à la Pointe-du-Lac dans le comté de Saint-Maurice. Il était le fils de Joseph Dugré et de Lia Duplessis. Il a été supérieur des Jésuites pour la province du Bas-Canada. La Pointe-du-Lac, sa campagne canadienne, est aujourd'hui devenue une banlieue qui a été fusionnée à la ville de Trois-Rivières en 2002. Dugré avait décrit cette proximité de la ville dans son roman  (page 20) :  
    "Chaque tournant du chemin, chaque anse du fleuve, chaque ponceau, faisait jaillir dans son esprit tout un monde de souvenirs ... À cinq milles devant eux, limitant la longue vallée, ils apercevaient les coteaux , la couronne de fumée, les couvents, les clochers de la ville des Trois-Rivières."